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"Sur le fil", l'exposition du moment au MusVerre

Le verre présente des possibilités quasi infinies. Il se fond, se transforme, se tisse... tel un fil. C'est justement le sujet de l'exposition du MusVerre, où le verre rencontre le tissu, jusqu'à devenir étoffe.

La visite débute par une audacieuse et impressionnante "mise en bouche".

 

Dans un sas totalement obscur, nous voici face à une structure créée spécialement pour le musée lors d'une résidence de 70 jours de Kim Kototamalune.

 

La fileuse de verre au chalumeau présente « De la lumière à la lumière », une véritable expérience sensorielle à vivre. Devant nous flotte un arbre de vie évoquant la naissance. Des projections se reflètent subtilement sur la résille de verre, donnant l'impression que la sculpture prend vie sous nos yeux. 

 

Imaginée par l'artiste et ses complices, le plasticien Jean-Benoît Sallé et le vidéaste Stéphane Baz, il s'agit d'une œuvre exclusive, présentée pour la toute première fois. 

 

Pourquoi avoir choisi d'explorer le lien entre le verre et le fil ? "Nous ne souhaitons pas nous enfermer. D'autant plus que le thème du fil s'est imposé, historiquement et socialement parlant. Le Nord a longtemps été connu pour son industrie verrière mais aussi textile", explique Éléonore Peretti, directrice du MusVerre.

 

La première œuvre que nous découvrons, signée Karola Dischinger, se compose de mains tenant une corde. Elle incarne la solidarité entre les hommes, l'esprit de groupe et la cohésion nécessaires pour progresser ensemble.

Face à nous, un rocking-chair posé sous un halo de cœurs de verres et de dentelle nous interpelle. "La femme aux 1000 cœurs" est un vibrant hommage à la grand-mère de l'artiste, Montserrat Duran Muntadas, disparue pendant la pandémie. 

 

Au centre de l'installation, le fauteuil n'est pas tout à fait vide. En s'approchant, nous découvrons un cœur en verre rouge qui représente son aïeule, paré d'une pièce de crochet réalisé par elle. Dessus, une broderie du mot "Testimem". "Nous t'aimons" en Catalan. 

 

Résolument poétique, cette œuvre émouvante invite à réfléchir sur la façon dont la société traite les personnes âgées. Et aborde le deuil, l'amour et les souvenirs. 

Du verre au tissu, il n'y a qu'un pas, subtilement franchi par Anne-Claude Jeitz et Alain Calliste. Repoussant les limites de leur matière de prédilection, ils présentent "Il était une fois", une œuvre incroyablement réaliste qui évoque le geste du pelotage de laine lors des veillées d'antan.

 

Nostalgique, elle fait allusion au vivre-ensemble, aux moments où régnaient convivialité et simplicité, aujourd'hui quelque peu dépassés avec les nouvelles technologies. 

Les mains sont omniprésentes. Ici encore, dans l'installation de Deborah Hopkins, dans laquelle quelqu'un semble démêler un fil rouge. 

 

L'artiste britannique rappelle ainsi son besoin de créer constamment, de faire et de défaire inlassablement. 

Fruit d'une rencontre avec les travailleuses de l'usine textile de Ronce, dont l'artiste a moulé les mains ici présentes, cette pièce de Lieve van Strappen nous rappelle qu'en fin de carrière, les doigts âgés et abimés des ouvrières ne parviennent plus à réaliser le nœud de tisserand utilisé pour relier deux fils. 

L'exposition s'achève magistralement car face à l'œuvre de Barbara Idzikowska, on imagine sans mal les lessives napolitaines qui sèchent au dessus des ruelles. "Cette pièce évoque également le linge sale qui se lave en famille", sourit Éléonore Peretti. 

 

Nos perceptions sont trompées car en lieu et place de tissu, il s'agit bien de verre drapé et plissé. Habilement accrochées sur un fil, les formes se reflètent sur les murs, créant une ambiance d'autant plus saisissante. Une véritable prouesse technique qui ne manque pourtant pas de poésie ! 

L'exposition "Sur le fil" est présentée jusqu'au 28 août au MusVerre, au 76 rue du Général de Gaulle à Sars-Poteries.

Toutes les informations pratiques se trouvent sur le site du musée départemental

Bonne visite !