Dans les réserves du MusVerre à Sars-Poteries
Vous aussi, vous vous êtes souvent demandé ce qui se cache dans les coulisses d'un musée ? Nous vous proposons une nouvelle série dédiée aux réserves de nos équipements culturels départementaux. Première étape au MusVerre, au cœur du bocage avesnois.
Le saviez-vous ? Les réserves d'un musée n'accueillent pas seulement des œuvres. "Ces réserves de stockage contiennent énormément de caisses vides et de socles. Notre rôle est de les organiser de la façon la plus stratégique possible pour gagner de la place", explique Éléonore Peretti, directrice du MusVerre.
"Ici, toutes les œuvres que nous recevons en prêt arrivent avec des conditionnements différents, qui sont finalement le reflet de la personnalité de chacun des artistes", sourit-elle.
Les œuvres empruntées sont assurées "clou à clou" : "l'assurance débute dès le décrochage de l'œuvre et s'achève lors de sa restitution." Dès le déballage, un constat d'état est donc établi par l'équipe du MusVerre. Après un examen minutieux de l'objet, ce rapport mentionne les éventuels dommages constatés. Même chose lorsque le MusVerre prête l'une des pièces de sa collection.
Nous voici dans l'atelier 3, dédié aux documents graphiques.
Lettres, photographies, diplômes de verrier, catalogues et ouvrages divers constituent les archives papier du musée. Cet atelier, c'est le royaume de Nathalie Painchart, qui exerce la fonction de documentaliste.
"Je suis attachée à tous les verriers, c'est comme s'ils faisaient partie de ma famille", nous confie-t-elle, tout sourire, en nous montrant les photographies restaurées.
Les mains toujours gantées, la documentaliste nous dévoile ensuite un précieux catalogue de 1885 dédié aux arts de la table.
Il a lui aussi été restauré, mais seule Nathalie perçoit les subtilités de cette réparation. Il faut des années d'expérience pour aiguiser son œil.
Dans la réserve 4, nous découvrons des poteries à perte de vue. Le verre et la céramique ont en effet un lien ténu puisque tous deux relèvent des arts du feu. Il était donc logique de les accueillir dans les réserves du MusVerre.
"La plupart de ces pièces de grès gris à décor bleu ont été trouvées en 1986 sur un terrain de la commune, lors d'une fouille archéologique sur l'emplacement de la poterie d'Alexis Buisset, détruite en 1894", nous révèle la directrice.
Incroyable mais vrai : ces centaines d'objets, datés du milieu du 19e siècle, étaient considérés comme des ratés et c'est la raison pour laquelle ils ont été abandonnés dans le fond d'un trou.
Nous pénétrons ensuite dans la réserve 3 consacrée aux verres anciens et historiques. Globes, pieds de tables, bouchons de carafes, verres, boutons de portes, cloches de jardin... nous voici face à un large panel d'objets d'un quotidien ancien et raffiné, savamment répertoriés et rangés par familles.
Aux commandes, Noémie Ndoubabe, régisseure des œuvres du musée. Lorsque nous la rencontrons, elle est justement en train de marquer quelques pièces.
À l'aide de résine qu'elle applique sur le verre, elle crée une première couche sur laquelle elle note les références à l'encre de Chine. Ce marquage, évidemment réversible, sera ensuite recouvert par une seconde couche de résine.
"En tant que régisseure, mes missions consistent à conserver les œuvres dans le meilleur état possible mais aussi de les présenter au public", explique Noémie. Diplômée de l'école du Louvre, cette Fourmisienne n'aurait jamais cru pouvoir exercer son métier dans son Nord natal. "Non seulement je suis revenue près de chez moi, mais en plus dans un musée prestigieux !"
"La collection exposée constitue seulement 20% de ce que nous possédons", nous apprend Éléonore Peretti en nous ouvrant les portes des réserves 2a et 2b. Le MusVerre a pour habitude de prêter des pièces aux musées mais aussi d'exposer dans des établissements scolaires pour provoquer la rencontre entre œuvres et collégiens du Nord.
Ici, la collection contemporaine est répartie en deux catégories : les œuvres en attente de restauration - le verre est un matériau parfois fragile - et celles conservées de façon traditionnelle, qui semblent attendre d'être réactivées sous les lumières d'une salle d'exposition.
Conserver de telles œuvres se révèle très technique : "le verre est inorganique mais il vit. Et pour le préserver il faut un taux d'hygrométrie de 60%", souligne Éléonore Peretti.
Sans ces procédés de conservation scientifique, le verre pleure, transpire, se voile ou devient gras. C'est notamment le cas des objets les plus anciens : "Le verre gallo-romain, par exemple, peut devenir laiteux."
Parmi les 3000 objets de verre historique et les quelque 800 œuvres de la collection contemporaine, notre curiosité a été stimulée par trois objets originaux, patrimoniaux ou remplis de nostalgie.
Tout d'abord les palets de marelle, appelés glettes. Cet objet emblématique des jeux d'enfants était alors fabriqué en verre, vraisemblablement par les artisans locaux pour leur famille.
Ce marqueur servait jadis à comprendre où en était la cuisson de la pièce de grès par un ingénieux système de cônes qui se ramollissaient en fonction de la température. Détail amusant et émouvant : celui sélectionné par Éléonore Peretti présente les empreintes des doigts des potiers.
Cette œuvre contemporaine composée d'ouraline, un verre dans lequel a été incorporé de l'uranium. Révélé par une lumière ultraviolette, les différents éléments se sont mis à briller dans l'obscurité.
Pour préparer votre visite au MusVerre, le musée départemental de la création verrière internationale, vous pouvez vous rendre sur le site de l'équipement.
MusVerre, 76 rue du Général de Gaulle à Sars-Poteries.
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h.
Crédit photo en-tête Barbara Bonny - Département du Nord