Recherche

Visiter

Une halte au pays des fraudeurs et des douaniers

Au cœur de la Flandre, à Godewaersvelde, un musée fait revivre l'extravagant face-à-face entretenu pendant des siècles entre fraudeurs et douaniers des deux côtés de la frontière. Objets insolites, témoignages et décors d'époque cohabitent avec une exposition temporaire consacrée aux actions de la douane aujourd'hui.

C'est dans l'ancien presbytère du village, à côté d'un jardin peuplé de marronniers et de tilleuls centenaires, que l'on remonte le temps.

 

Créé par Jacques Pladys de l'association Hier en Flandre, douane et fraude et inauguré en 1994, le musée de la vie frontalière nous plonge dans une époque où "passer la ligne" pouvait coûter cher. 

 

La frontière franco-belge, dont le tracé actuel date du traité de Courtrai en 1820, n'est pas physique : c'est une ligne imaginaire qui sépare les deux pays. Un tracé parfois absurde, au point de partager des fermes en deux, comme le rappelle dès l'entrée du musée le dessin humoristique de Roland Cuvelier sur le traité d'Utrecht de 1713.

 

 

Attrape-moi si tu peux !

Chargée d'appliquer la politique gouvernementale en matière de commerce extérieur, l'administration des douanes est créée en 1791.

 

Dès lors, et pendant des siècles, fraudeurs et douaniers n'auront de cesse de se livrer une bataille où chacun fera preuve d'une grande ingéniosité pour attraper l'autre ou lui échapper, dans des conditions difficiles.

 

Tandis que les "pacotilleurs"(petits fraudeurs), hommes où femmes, inventent des cachettes -  poches sous les grandes jupes, landaus à double fond ou chaussures au talon démontable - pour passer leur consommation personnelle, les contrebandiers organisés oeuvrent dans la nuit noire et dressent leurs chiens à passer seuls la frontière, chargés des "blattes" de tabac belge.

 

De leur côté, les douaniers disposent d'outils de plus en plus élaborés pour repérer le transport d'un produit interdit ou mesurer la quantité des marchandises, qui détermine le montant des droits de passage. C'est également la nuit qu'ils veillent deux par deux dans leur lit d'embuscade avec leurs chiens.

 

Des légendes locales

Le musée met également en lumière l'organisation de la vie locale autour de la frontière. 

 

C'est à l'estaminet, autour d'un jeu flamand, que les langues se délient et les secrets se révèlent...

 

Pour ne pas être repérés, les douaniers élaborent des penthières : des cartes de secteur dessinées à la main avec des noms de rue codés.

 

La fraude c'est aussi le moyen, à une époque où la vie est très dure, de faire des économies et de joindre les deux bouts, parfois au péril de sa vie.

 

Ce ne fut heureusement pas le cas d'Albert Capoen, "le gentleman fraudeur" de Godewaersvelde, qui a fraudé jusque dans les années soixante. Tabac, alcool, chevaux, chiens, poulets ou encore bas de soie, il n'a jamais été arrêté. Devenu "passeur de mémoire", ses anecdotes ont contribué à sauvegarder l'histoire de la contrebande.

 

Autre figure de cette identité locale, le géant Henri le douanier, né à Godewaersvelde en 1994, et son chien Dick ou Tom, selon qu'il est chien de douanier ou de fraudeur.

 

 

 

La douane aujourd'hui : nouvelles frontières, nouveaux trafics

Le 1er janvier 1993, l'Europe lève les frontières de ses pays membres en appliquant la libre circulation des personnes, des capitaux et des marchandises. Une révolution.

 

Aujourd'hui, par Internet et par voie électronique, les informations et productions se diffusent à chaque seconde dans le monde entier. De nouveaux trafics voient le jour. Lutte contre les contrefaçons et le trafic de stupéfiants, protection des espèces animales menacées et du patrimoine culturel sont les nouveaux enjeux des douanes.

 

En témoignent les nombreuses pièces saisies par la douane et présentées dans l'espace d'exposition temporaire du musée. Peau de tigre, ivoires, poteries d'Asie ou encore accessoires de mode. 

Votre visite

Musée de la vie frontalière

98 rue de Callicanes 59 270 Godewaersvelde

 

Le musée est ouvert les vendredi, samedi et dimanche après-midi de 14h30 à 17h30.

Des visites guidées, en français et en néerlandais, sont proposées sur réservation, à partir de trois personnes.

 

Tarif entrée libre : 3,5 euros.

 

Contact : 03 28 42 50 06

 

 

Soutenu par le Département, le musée fait partie de la quarantaine de musées thématiques nordistes réunis dans le réseau Proscitec, créé pour mettre à l’honneur les savoir-faire et traditions qui font l'identité de notre territoire et qui rayonnent hors de nos frontières.

 

Il est également membre du réseau des musées de Flandre Muzéa financé par le Département.