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J'ai testé pour vous... le nouvel accrochage du musée départemental Matisse

Dernier accrochage avant la fermeture pour travaux ! Si vous aimez l'art du 20ème siècle, faites comme moi et prenez la direction du Cateau-Cambrésis pour profiter d'un parcours de visite inédit parmi les œuvres du maître du fauvisme. À savourer sans modération jusqu'au 21 mai.

Le parcours commence par l’histoire du musée, dont le projet voit le jour après la Seconde Guerre mondiale. Quelques amateurs ont alors bien compris que l’art va être indispensable à la reconstruction de la France. Les rencontres avec Henri Matisse s’enchainent.

 

L' enfant du pays, né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis, décide d’offrir 75 œuvres de sa collection personnelle. Des peintures, des dessins, des lithographies qu’il n’a donc jamais voulu vendre ou donner. En somme, un superbe cadeau à sa ville natale qu’il remercie pour ce vibrant hommage. Ça démarre fort.

Place ensuite à l'histoire des donations qui font, elles aussi, la gloire et la saveur du musée. À commencer par les dessins offerts par Marcel Gromaire et les œuvres d’Auguste Herbin, maître de l’abstraction géométrique qui a grandi au Cateau-Cambrésis.

 

En 1982, c’est Geneviève Claisse, elle aussi figure majeure de l'abstraction, qui fait don au musée de cinq toiles, ouvrant la voie à un fonds d’art contemporain. Enfin, en 2002, la donation d’Alice Tériade fait entrer les artistes majeurs du 20ème siècle dans les collections du musée : Picasso, Chagall, Léger, Giacometti, Miró, Gris...

 

Quelle chance pour nous d'avoir un tel musée dans le Nord !

Après cette impressionnante mise en bouche, me voici déambulant de salle en salle, comme accompagnée par un ballet de sculptures qui semblent m'emmener dans une joyeuse chorégraphie. Une chorégraphie qui montre l'évolution du travail de Matisse, de ses débuts académiques à sa recherche de la forme la plus abrégée possible.

 

Mention spéciale aux éclairages qui magnifient les toiles, donnant même parfois l'illusion que les motifs sortent des cadres pour s'approcher des visiteurs. Stupéfiant. 

Mon œil s’arrête sur un dialogue qui semble évident entre deux œuvres : la géométrie du masque de danse provenant du Congo semble répondre à celle contenue dans le portrait tout à côté.

 

Je trouve qu’il s’agit d’une excellente façon de parler du fauvisme, ce mouvement pictural dont Matisse fut le chef de file. Exacerbée et pure, la couleur y règne en maitre sans pour autant respecter la réalité. Elle est au contraire au service du volume et des perspectives.

 

Ce masque, évoquant l'influence de l'art africain dans l'œuvre du peintre, mais aussi son goût prononcé pour les collections de genres très divers, vient de rejoindre et de compléter les acquisitions du musée. Il est ici exposé en avant-première.

« Maintenant, tu ne feras que ce qui te plaît sans penser à ce que les autres attendent et exigent de toi ». Cette citation invite les visiteurs à entrer dans la salle dédiée à la plénitude de Matisse durant les années 1940.

 

Après une lourde opération, il privilégie les couleurs ardentes et éclatantes, les motifs floraux, les intérieurs ensoleillés mais aussi les femmes dont la sensualité ne fait aucun doute. Une véritable ode à la joie !

Une joie qui se propage encore et encore grâce à ses illustrations créées pour les revues et les livres d'art édités par son ami Tériade. 

 

Pour ce travail, Matisse exige une reproduction fidèle de ses couleurs, de leur intensité et de leur éclat. Chaque impression devient un challenge, l'artiste entrainant les artisans dans son sillage. Cette quête de perfection est palpable dans chacun des documents présentés. 

 

Mais surtout... elle préfigure ce qui, pour moi, est l'accomplissement de sa carrière : les gouaches découpées.

 

À partir des années 1930, Matisse utilise des papiers découpés comme méthode de composition de ses œuvres. Une technique à part entière qu'il emploie jusqu'à la fin de sa vie, en novembre 1954.

 

Ces collages, pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur et de longueur, lui permettent de "dessiner la couleur". Avec ces formes tranchantes, voire dansantes, Matisse célèbre plus que jamais la vie et son éclat.

Si cette visite vous a mis l'eau à la bouche, proftez-en vite à votre tour ! Le musée ferme ses portes le 21 mai, pour des travaux prévus pour durer jusqu'en 2024.

 

Le musée est ouvert de 10h à 18h tous les jours sauf le mardi. 

Tarif unique : 4 € (gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d'emploi, les personnes en situation de handicap et leurs accompagnateurs, les habitants du Cateau-Cambrésis). 

Musée Matisse, Palais Fénelon, Place du Commandant Richez au Cateau-Cambrésis. 

Tél. +33 (0)3 59 73 38 00.

museematisse.fr.