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Silence et résonance, l'exposition événement au musée de Flandre

Toute la presse internationale en parle. Consacrée à Hans Op de Beeck, la nouvelle exposition du musée de Flandre présente une vingtaine d'œuvres de l'artiste belge, qui entre en dialogue avec les collections permanentes du musée. Une bulle poétique et singulière à découvrir jusqu'au 3 septembre.

Exposition silence et résonance au musée de Flandre.
Exposition silence et résonance au musée de Flandre.

C'est avec beaucoup de délicatesse que l'artiste belge, né à Turnhout en 1969, explore les champs de la création. Sculptures, vidéos, installations, peintures, photographies questionnent avec une grande douceur et beaucoup d'esprit notre rapport au temps et à l'espace. 

 

Dans les œuvres d'Hans Op de Beeck, le temps semble s'être figé. L'emploi du gris, omniprésent, amplifie cette impression. Une teinte sourde qui vient se heurter à la palette chatoyante des tableaux de maîtres anciens accrochés dans les salles du musée. 

 

L'exposition débute d'ailleurs par un paysage. Peinte de nuit, d'un réalisme poussé, cette grande aquarelle sublime la lumière. L'œuvre dialogue avec le Paysage avec Saint Christophe portant l'enfant Jésus, une peinture du 15e siècle. À l'époque, le religieux servait de prétexte à la réalisation de paysages en arrière-plan.

Dans la salle dédiée à la nature morte, Vanitas XL fascine. Composée d'un ensemble d'éléments évoquant la fragilité et la fugacité de la vie - crâne, livre, fruits, bougie -, elle interpelle par ses proportions spectaculaires. "Je joue souvent avec les échelles, j'aime les perspectives exagérées. C'est le monde que je vois en rêve : absurde, disproportionné et étrange", sourit l'artiste.

 

Dans les tableaux de la salle, fleurs fanées, écorces de citron et autres couteaux instables révèlent une filiation évidente entre l'artiste et les maîtres du 17e siècle. "La vie est tragicomique, dans ses bonheurs comme dans ses maladresses, dans sa folie comme dans son sérieux. Mon travail ne relève pas de la mélancolie mais de l'hommage à la vie dans toutes ses facettes", explique-t-il. 

Quelle surprise de découvrir cette danseuse brésilienne assise, les yeux clos, dans un fauteuil. "J'aime montrer les moments de pause pendant les performances", indique l'artiste.

 

Installée devant le géant Reuze Papa, la sculpture évoque l'envers du décor, lorsque les couleurs et le kitsch ne sont plus de la partie. Une pause méditative qui nous incite à prendre le temps de contempler le monde. 

Aurélie Lemaire

Une méditation et une introspection qui se révèlent aussi avec cette petite fille assoupie (Girl, asleep), ce jeune garçon qui joue aux billes (Timo, marbles) ou encore avec Brian, cet adolescent qui semble pétrifié (Brian, rock). Assis sur des blocs de pierre, il semble observer le monde symbolisé par une bulle de verre, à la fois magnifique et si fragile... Quelle poésie !

Des œuvres confondantes de réalisme

Quelle évidence de découvrir cette singulière installation devant la toile de Francis Tattegrain mettant en scène la révolte des Casselois ! 

 

Tel un voyageur solitaire traversant les siècles, un cavalier grandeur nature semble prendre vie devant nous. Figure du migrant à la recherche d'une vie meilleure, l'homme n'a pour seule richesse que la collection d'objets du quotidien qu'il transporte. "J'ai imaginé ces éléments de différentes époques comme des points de départ à de nombreuses histoires à s'inventer", précise Hans Op de Beeck. 

 

 

L'artiste s'intéresse au quotidien, aux petites choses qui offrent de grandes joies, aux animaux. Ce chien semble tout droit sorti du Trophée de chasse de Jan Fyt sous lequel il est installé. Posé à même le sol, son pelage est d'une telle finesse qu'on croirait aisément qu'il va prendre vie sous nos yeux. 

Quel meilleur écrin que "La Chambre des merveilles", la salle dédiée aux cabinets de curiosité, pour magnifier la poésie des œuvres de l'artiste ? 

 

Sa vitrine Wunderkammer, Cassel, conçue spécialement pour l'exposition, présente un panel des thèmes chers à Hans Op de Beeck : colibris, libellules, mûres, bougie, évocation du voyage... et un buste de l'un de ses fils.

 

"Là encore, je rends hommage à la vie, aux petites et grandes collections des hommes, avec un fatras de choses de différentes valeurs. J'aime mixer la banalité avec la richesse, c'est ce qui créé la valeur de la vie", confesse l'artiste. 

Toujours dans cette ambiance feutrée, deux bras anonymes, une couronne de lauriers dans les mains, semblent surgir du décor. Gesture évoque la poésie du quotidien. Tout comme l'ensemble des éléments contenus dans les vitrines toutes proches. 

 

Mention spéciale à la scénographie, et plus particulièrement aux éclairages qui révèlent les œuvres. Ici par exemple, l'ombre sur le bois est presque aussi belle que la sculpture et lui apporte une toute nouvelle dimension. Amusez-vous à les remarquer au fil des pièces exposées, votre parcours n'en sera que plus inoubliable. 

C'est tout naturellement que les œuvres d'Hans Op de Beeck se sont intégrées dans les collections du musée. Cette exposition propose un témoignage plus que probant d'une véritable continuité dans l'Histoire de l'art. Elle est présentée au musée de Flandre jusqu'au 3 septembre. Programmez dès à présent votre visite sur le site du musée de Flandre

Crédit photo en-tête C. Arnould