Le lin, un trésor nordiste
C'est la saison du lin en fleurs, dont la floraison ne dure qu'une journée ! L'occasion de remettre en lumière cette filière française d'excellence : première productrice du monde. Un véritable trésor local qui se traduit de bien des manières...
Le lin est l'une des plus anciennes espèces végétales cultivées au monde. Au Moyen-Âge déjà, la liniculture représentait une activité économique importante pour notre région. Dans le Nord, c'est en Flandres que tout se passait et se passe encore aujourd'hui, en particulier autour de Hondschoote, véritable capitale nordiste du lin.
Au fil du temps, le coton et les fibres synthétiques ont porté des coups durs à la liniculture. Mais cette activité, difficilement délocalisable car intimement liée au climat et au sol, reste bien vivante. Avec près de 30 000 hectares de terre consacrés à la culture du lin, les Hauts-de-France fournissent aujourd'hui plus d'un tiers de la production européenne de fibres naturelles.
Dans la famille Decock, on travaille le lin depuis le 17ème siècle et l'entreprise familiale de teillage (opération qui consiste à broyer les tiges pour extraire les fibres) emploie actuellement près de 40 personnes.
Il y a du travail mais le secteur peine parfois à recruter : dès 2016, le Département a donc soutenu la création du GEIQ rural des Flandres (Groupement d'Employeurs pour I'Insertion et la Qualification) qui organise des parcours de formation et de qualification pour des personnes éloignées de l'emploi. Et c'est chez les Decock que les premiers contrats ont été signés.
Des usages multiples
Les fibres de lin françaises, et en particulier nordistes, partent alimenter les usines textiles du monde entier, Chine en tête. Mais dans le lin, tout est bon ! La graine de lin est utilisée pour produire de l'huile alors que la paille constitue une litière très appréciée des chevaux.
Et ce n'est pas tout : résistant, léger et souple, le lin fait depuis quelques années le bonheur des concepteurs de nouveaux matériaux. Dans un contexte d'innovations techniques industrielles qui se veulent de plus en plus éco-responsables, la fibre de lin pend une place croissante dans les nouveaux process de fabrication intégrant des fibres naturelles. Les secteurs de l'automobile, de l'aéronautique ou encore du sport s'y intéressent de près.
Les multiples atouts du lin n'ont pas échappé non plus à Camille Deligne, jeune entrepreneuse Nordiste qui a créé, avec son père, la société D-Innov en 2018. Leur idée de départ : produire des gobelets en lin, réutilisables et surtout biodégradables, contrairement aux fameux "Eco-cup" en plastique.
Évidemment, D-Innov s'approvisionne localement et a aussi commencé à diversifier sa production : protections de tuyaux pour l'industrie, protections de fourches de moto-cross, mais aussi affiches et cartes de visite, le tout... à base de lin des Flandres !
Un intérêt touristique
Autre intérêt du lin, et pas des moindres pour le Nord : l'attrait touristique. Créée il y a 16 ans, la Route du lin serpente entre Hondschoote et Warhem. En période estivale, elle donne à voir le cycle de vie et le processus de transformation de cette fabuleuse fibre naturelle.
Hondschoote possède aussi son Grenier du lin, et propose un jeu de piste "défi lin" permettant de découvrir la ville autrement. Sans oublier lin'contournable festival du mois de juin, temporairement suspendu pour cause de crise sanitaire.
Crédit photo en-tête Cédric Arnould