La Saint-Martin se fête en grand en Flandre
Autour du 10 novembre, les enfants sortent le soir venu à la recherche de saint Martin et de son âne. Siècle après siècle, la légende se perpétue dans les villes et villages de Flandre, avec ses betteraves sculptées, ses folards et sa bonne humeur.
On le connait tous, saint Martin. Par un soir très froid d’hiver, ce soldat de l’empire romain a le cœur brisé en apercevant à Amiens un mendiant glacé par la brise. Il n’a plus un sou à lui donner : il a déjà offert tout ce qu’il possède à d’autres personnes dans le besoin. Il a alors une idée. Il va couper en deux son manteau. La moitié appartient à l’armée, l’autre est à lui. Sa part de vêtement rejoint aussitôt les épaules du mendiant et Martin reprend sa route.
Il fonde le premier monastère de la Gaulle dans le Poitou, devient évêque de Tours en 372 et continue de sillonner le pays sur son âne. Il parcourt la région parisienne et arrive en Flandre. Son compagnon à 4 pattes est gourmand. Sur la côte dunkerquoise, il aperçoit des chardons qu’il aime tant manger. Martin n’est pas attentif. Certains disent qu’il aime un peu trop le vin. L’animal se perd.
On est en novembre. La nuit arrive tôt. Les enfants, conquis par le bon saint Martin, partent avec leurs lanternes à la recherche de l’âne dans les dunes. Ils le retrouvent rapidement et, pour les remercier, Martin transforme le crottin de l’animal en petits pains. Ce sont les folards, ou voolaren, des petites brioches que l’on remet encore chaque année aux enfants en souvenir de ce moment. Saint Martin, lui, fonde une église dans ces dunes… c’est Dunkerque.
La tradition veut qu’en partant chercher l’âne, les enfants s’éclairent à l’aide de betteraves sculptées. C’est l’époque où elles sont récoltées. Chaque année, les villes et villages de Flandres mettent donc à disposition des betteraves que les enfants pourront sculpter. L’exercice n’est pas simple. Les lanternes décorées s’invitent donc de plus en plus dans les marches organisées à la nuit tombée autour du 10 novembre pour retrouver l'âne.
Une fontaine créée par l'âne de saint Martin
Le compagnon de saint Martin est célèbre en Flandre pour sa fontaine, également. L'évêque est resté de long mois dans le Nord après avoir retrouvé son âne. Un jour caniculaire d'août, ils s'arrêtent dans un village pour demander un peu d'eau. Les cabanes en face d'eux sont misérables. Les habitants, eux, dans un triste état. Des piqûres de moustique leur ont laissé de la fièvre et des maladies d'yeux.
L'animal emmène son maître non loin de là. Entre six beaux tilleuls, il se met à gratter la terre avec son sabot et de l'eau limpide commence à jaillir. Martin retourne voir les villageois et en verse quelques gouttes sur leurs yeux qui guérissent instantanément. La source ne s'est jamais tarie depuis. Vous pouvez toujours la voir à Wulverdinghe.
Avec ces légendes et cette fontaine, la Flandre n'est pas près d'oublier ce saint du 4e siècle.
Crédit photo en-tête Ville de Dunkerque