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À Lewarde, la mine livre ses souvenirs et conserve sa mémoire

Plus grand musée de la mine en France, le centre historique minier de Lewarde fait partie cette année des finalistes de l'émission "Le Monument préféré des Français".

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Centre historique minier de Lewarde


Chaque année, 150 000 visiteurs se pressent pour découvrir le carreau de l’ancienne fosse Delloye classé au Patrimoine historique, et répertorié depuis 2012 comme un des sites remarquables du bassin minier inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Suivez notre journaliste Jean-Baptiste Allouard dans sa visite de ce lieu chargé d'histoire.

 

Ce n’est pas la première fois que je découvre le centre historique minier de Lewarde, mais jusqu’à présent, je ne m’étais jamais immiscé dans une visite collective. En l’occurrence ici avec l’Université Inter-âge d’Argenteuil, un groupe de retraités du Val-d’Oise venu vivre ici, le temps d’un après-midi – c’est un minimum –, une expérience originale dans ce musée qui raconte le développement de la mine et l’exploitation du charbon dans la région tout au long du XXe siècle.


Cet extraordinaire musée de la mine, serait-on même tenté de dire, tant le site, ses installations historiques, soit 8000 m² de bâtiments industriels sur 8 hectares, et ses témoins ne peuvent vous laisser indifférent ! Si le début de la visite, petite mise en bouche, se fait sur les hauteurs du chevalet, et vous permet de découvrir le devenir du charbon une fois extrait et remonté à la surface, vidéos et tableaux grandeur nature à l’appui, la suite, elle, vous réserve une surprise de taille… Une descente dans les entrailles de la terre à la découverte du quotidien des mineurs. Rassurez-vous, sans le moindre danger. Même si le guide vous demande par sécurité de porter un casque que l’on vous aura procuré en amont. Direction la cage d’ascenseur !


A chaque première fois, l’effet est le même ! Il y a cette excitation mêlée à la crainte toute légitime de descendre sous terre. Il suffit d’écouter les commentaires des visiteurs qui m’entourent… Mi-amusés, mi-rassurés. Ceci dit, lorsque l’on emprunte la fameuse cage pour descendre, avec notre casque vissé sur la tête, c’est tout de même un peu moins spartiate qu’à l’époque, quand la mine fonctionnait à plein régime. Mais le temps de la descente reste interminable ! Une minute pour se retrouver à 400 mètres sous terre, puisque, sur le carreau de l’ancienne fosse Delloye, c’est à cette profondeur que l’on exploitait le charbon. Vous revivez donc en direct, dans un certain vacarme, la prise de poste des mineurs.


Vous attendent ensuite 450 mètres de déambulation dans les galeries – en activité, elles s’étalaient sur 40 kilomètres et sur trois niveaux – et la découverte de dix chantiers d’exploitation du charbon de manière chronologique, enrichis de scènes de vie quotidienne des mineurs sous terre. « Les poutres sont-elles d’époque, ce serait quand même dommage que ça s’effondre sur nous », glisse pendant notre parcours, très sérieusement, une des touristes. Il est vrai que, vu sous cet angle, nous ne sommes finalement pas très loin de l’enfer avec le bruit assourdissant des machines relancées pour l’occasion. Mais quelques dizaines de mètres plus loin, entre deux marteaux-piqueurs qui crachent leurs décibels, une autre remarque vient couper les explications de notre accompagnatrice : « Tiens, on entend les oiseaux ! ». « Bonne remarque », lui répondra cette dernière, sans pour autant lui indiquer si des oiseaux avaient cette capacité à venir nicher dans les galeries… Gardant encore un petit peu le suspens pour les derniers mètres à effectuer dans la pénombre.

 

A la rencontre d’un ancien mineur

C’est sans aucun doute le point fort de cette visite ! Au-delà de la découverte des galeries situées sous le chevalet de l’ancienne fosse Delloye et des différentes salles d’exposition qui racontent le charbon, et retracent le quotidien des mineurs, il y a cette possibilité offerte d’aller à la rencontre d’un ancien mineur. Ces fameuses rencontres témoignages qui font tout le sel de cette escapade, déclinées en quatre thèmes : le premier jour à la mine, la carrière du mineur, sa vie quotidienne et les dangers de la mine. En ce qui me concerne, j’ai eu le bonheur et la chance de rencontrer Yvon Boidin, 75 ans, cinq carreaux de mine à son actif, tous situés autour de Lewarde où, pour la petite anecdote, il n’est jamais descendu. Peu importe, son récit emporte tout sur son passage. L’homme est intarissable, et n’élude aucune question ! Il vous raconte admirablement bien son métier, son histoire, ses conditions de travail et les accidents auxquels il a été confronté, avec une verve et une dynamique extraordinaires… Avec le sourire en prime !

La mine fait son cinéma

Jusqu’au 29 mai 2023, le centre historique minier de Lewarde propose une exposition temporaire autour de la mine et du cinéma. Jusqu’à aujourd’hui, différents films miniers ont vu le jour, venant raconter et immortaliser le quotidien des mineurs et de leurs familles au pied des chevalets, sous terre et en dehors. Le monde minier se retrouve dans de nombreux genres cinématographiques mis en avant ici. Drames, comédies, films d’animation, documentaires ou encore films d’entreprise… L’exposition retrace cette histoire grâce à des archives inédites, des photographies de tournages, des articles de presse ou encore la projection d’extraits de films.


Jusqu’au 29 mai 2023, tous les jours sauf le 25 décembre, du 1er au 31 janvier, et le 1er mai. Dans le cadre du festival Les pépites noires, deux projections en plein air sont prévues cet été :

  • le samedi 23 juillet, à 20 h, La tragédie de la mine, de G. W. Pabst (1931)
  • le samedi 27 août, à 20 h, Pride, de M. Warchus (2014)

Le centre historique minier, un site, trois possibilités

Si pour la grande majorité du public, le centre historique minier de Lewarde accueille le musée de la mine, il abrite également un centre d’archives qui centralise notamment tous les documents des mines de la région (2,5 km d’archives techniques), sans oublier 500 000 photos, 6000 films et 7000 ouvrages. Autant de documents essentiellement régionaux consultés par les historiens, les chercheurs, les journalistes, mais aussi les particuliers. Le centre intègre par ailleurs un centre de culture scientifique qui travaille sur les différentes problématiques liées à l’énergie, et qui communique sur ses travaux grâce à des expositions, des publications ou des conférences.

Infos pratiques

Crédit photo en-tête Dominique Lampla